
Auteur : Ousmane Diarra
Edition : Gallimard
Collection : Folio
Nombre de pages : 412 pages

Résumé : On est au Mali, dans un sanglant bouillon d’intolérance, sous la férule des islamistes conduits par le calife Mabu Maba dit Fieffé Ranson Kattar Ibn Ahmad Almorbidonne, et aux prises avec la férocité des gamins imams. Un artiste peintre, par ailleurs ancien condisciple du faux calife, est pris dans les nasses de l’obscurantisme. On détruit sa famille, on détruit son atelier, ses tableaux et ses sculptures partent en fumée. Seule lui reste encore sa tête pleine d’ironie pour tenir tête aux envahisseurs, inoubliable figure de notre époque plombée de fanatismes, père à la fierté frêle et ulcérée, artiste à l’humour ravageur, homme à la dignité désemparée et exemplaire… C’est un enfant qui raconte.

Le narrateur de cette histoire est un enfant qui s’est débarrassé volontairement de son nom. Il n’a pas d’âge non plus, du moins il ne l’évoque jamais. On sent qu’il est très jeune, mais lorsqu’il relate le souvenir d’événements traumatisants, il a l’air d’avoir déjà vécu toute une vie.
Cette montée de l’intégrisme est décrite tel un nuage de criquets, c’est pour le père du narrateur un combat de l’art et de la beauté contre l’ignorance et l’obscurantisme. L’avancée de l’idéologie fondamentaliste est progressive et s’infiltre insidieusement jusque dans la structure familiale, semant la zizanie là où la paix régnait auparavant.
Le livre touche au phénomène ô combien malaisant de l’enrôlement d’enfants soldats. Le passage de l’enfance à l’âge adulte et la dure cohabitation avec l’horreur du quotidien y sont aussi développés.
Le garçon raconte avec ses mots. Familière et parfois crue, la plume de l’auteur suit le protagoniste dans sa lente descente aux enfers. J’ai parfois eu un peu de mal à suivre Ousmane Diarra et cela pour plusieurs raisons. L’enfant raconte et se répète énormément, les mêmes noms (comme celui du Calife Mabu Maba dit Fieffé Ranson Kattar Ibn Ahmad Almordibonne ) reviennent sans cesse, donnant des coups de hache à ma lecture. J’ai parfois eu la sensation d’être ballottée, sans comprendre où l’auteur souhaitait m’emmener.
Conclusion
Je pense pouvoir dire que ce livre était un peu violent pour moi, sans pour autant que cela remette en question sa qualité littéraire. L’écriture est travaillée et assurée et l’envie de savoir comment cet enfant va s’en sortir m’a poussé à continuer de lire. Il m’a cependant manqué un peu d’émotion pour entrer pleinement dans l’histoire.

