Résumé : En Iran, les jeunes ne sont pas plus libres aujourd’hui.

Rien n’a changé depuis l’arrivée au pouvoir de Hassan Rohani et l’accord signé avec les grandes puissances occidentales sur le contrôle du programme nucléaire iranien. Ces témoignages ont été recueillis sous la présidence de Mahmoud Ahmadinejad puis durant celle de son successeur, Hassan Rohani, qualifié de réformateur par la communauté internationale. La jeunesse essaie-t-elle encore de se révolter contre le régime des mollahs, comme en 2009 ?

Gila, Saeedeh, Omid, Leïla, Vahid et tous les autres ont moins de 30 ans. Ils viennent de tous les milieux sociaux, nous les avons rencontrés dans tout le pays. Ces jeunes ne cherchent plus à s’opposer à un régime trop fort pour eux, ils ont désormais un seul objectif, un impératif, une obsession : s’aimer. Malgré le régime. Malgré la tradition.



« Le bonheur est interdit en Iran ? […] Oui, spécialement pour les jeunes »

« L’amour ne peut pas être un blasphème »



Quelle originalité de faire passer un reportage par le biais de la bande dessinée ! Les journalistes de cette dernière ont dû se faire passer pour un couple faisant du tourisme pour ne pas éveiller les soupçons. Ce n’est pas chose surprenante me direz-vous… quel gouvernement liberticide apprécie que l’on vienne fouiner dans ses affaires ?

Jamileh, Soban, Vahid, Saeedeh… ils ont tous entre 20 et 30 ans et vivent en Iran. Désabusés par une politique répressive et une tradition étouffante, leur parole se délie au fil des discussions. Aux rêves brisés des élections de 2009 s’ajoute le fait de ne pas pouvoir aimer sans contrôle. La surveillance est partout : police des moeurs en uniforme ou en civil, la famille, les téléphones portables, internet, les caméras ; la liste est longue. J’ai été frapée par l’utilisation intelligente de l’hyperbole et de la métaphore. Je peux donner en exemple la belle-mère – qui appelle sa belle fille 13 fois par jour pour savoir où elle est et ce qu’elle fait – dont le corps est représenté par une araignée menaçante. Je me suis aussi rendue compte à quel point les femmes prenaient des risques en choisissant d’avoir un rapport avec un homme sans être liée à lui par le mariage. Enfin, l’écriture et le dessin rendent à merveille les émotions confiées à nos deux journalistes.

En bref pourquoi le lire ?

Des témoignages divers, un texte qui met en valeur une parole confiée malgré les dangers et un dessin intelligement pensé, voilà les principaux atouts de cette BD. Avec cette bande dessinée :
« La parole est donnée à ceux qu’on entend jamais »

Sources pour l’infographie :

A. Vertaldi, De la difficulté d’aimer sous la République islamique d’Iran, Le Figaro, 2016